Concentration de PAQUES EN PROVENCE à CAMARET SUR AYGUES

Récit de Vincelette Audouin

Notre première FLÈCHE VELOCIO picarde

16/17 Avril 2006

Oui ! Il a donc suffi d'un " oui " pour nous embarquer… C'était un " oui " à Fanny, qui, avec Daniel, en a amené plus d'un(e) à atteindre des objectifs semblant pourtant bien ambitieux ! Si Fanny pense que je peux la faire cette flèche, alors oui !... Avant même de savoir si Eliane et Ghislaine diraient oui ! Et pour Ghislaine… c'était " non ". Même le " oui " d'Eliane n'y changeait rien, à cause de la nuit à traverser …
Pourtant, dès son retour de vacances d'hiver, en une semaine, Ghislaine a quasiment rattrapé notre avance kilométrique, puis l'a dépassée … pour arriver à plus de 4000 km le jour J. Ah ! ce " Je la ferais bien " quelle joie ! Sa forme personnelle et la sortie de nuit ont fini par asseoir sa confiance: même avec un ciel nuageux, la lueur de la lune et nos bons éclairages nous ont rassurées, sans compter les nombreuses routes bien éclairées.
" Tu nous as vraiment surprises ! " m'ont-elles dit … et nos hommes se sont dévoués assidûment pour notre préparation. Ils nous ont accompagnées à notre rythme, conseillées … avec tout le tact indispensable, protégées du vent souvent fort et ont bichonné nos machines ! Ghislaine et Eliane, même dans le vent, me lâchant dans chaque côte … ce que c'est que l'expérience !

100 Km d'entraînement avec nos époux

départ du 200 Km de Verberie

C'est le 200 km de Verberie, le premier avril, qui a réuni la future équipe. Fanny et Claudine ont, elles aussi, un fameux palmarès … bref, je suis la novice !

Vendredi 17, 6 h - 6 : Gérard et Eliane sonnent ; 6 h, nous démarrons, vélos chargés la veille dans leur voiture. Arrêt à Bligny sur Ouche, à 10 h 30, pour laisser Max à ses propres aventures : Pierrot, Michel, Thierry feront route avec lui, tandis que Mylène et Colette les accompagneront. Pas de problème pour trouver le rendez-vous fixé à Châlons sur Saône avec Fanny, Claudine et Ghislaine ; Marc les a conduites après avoir laissé Daniel, Philippe et André 25 km plus au nord. Déjeûner et départ ! Gérard fixe ce mémorable moment où nos deux accompagnateurs sont fiers de nous laisser filer ! (14 h)

Il aura fallu 110 km, à 27 à l'heure, pour que l'équipe des hommes nous double, un peu avant Lyon. Nous étions à 23,6 de moyenne et avions réussi à nous relayer, en fonction de nos capacités propres, pour affronter le vent et quelques côtes…

La circulation des voitures, impatientes, les plaques d'égout bosselées, les pistes cyclables inégales ont freiné brutalement notre équipée. C'est à Fontaine sur Saône que Claudine est tombée en voulant prendre une vieille piste cyclable latérale. Elle voulait dégager ainsi la chaussée car des voitures nous doublaient en chevauchant allègrement les terre-pleins centraux. Quel courage, car elle a repris son vélo sur les 8 km qui nous séparaient du RV, avec une forte douleur à la hanche et une main bien écorchée ; elle a dû se résigner à monter, très tristement, dans la voiture. Nous le saurons le mardi suivant : fracture de la tête du fémur et suite de la saison compromise…

Mon vol plané, avant, à l'arrêt brutal pour un feu rouge que je n'ai pas vu - trop occupée par l'état de la chaussée - et l'écart de Daniel, après, sur une bordure centrale, n'ont heureusement pas eu plus de conséquences que de nous faire dire que les trois incidents, hélas, un trop grave, étaient passés. Nous sommes donc reparties jusqu'à la nuit et un dîner au resto de pâtes à la Bolognaise un peu " corrosives " pour la suite de la route. (21h45 à 23 h 10)

Le temps est assez doux pour que l'on se couvre à peine plus. Cuissard toujours court, baudrier, lampes sur le vélo et le casque.

Des bravos par deux fois dans la nuit : Mylène et Colette nous encouragent du bord de la route; nos hommes ne sont donc pas loin : nous ne prenons même pas le temps d'échanger des bises !

Merci à Gérard et Marc, nos accompagnateurs d'avoir toujours été - sauf une fois !!! - là où nous les espérions . Ah ! l'eau, la soupe, les oranges, le pain, le fromage, le saucisson, le café, etc… ( Eliane avait veillé au grain !) si gentiment préparés... et les encouragements, que c'était bon !

Le coup de pompe n'est arrivé qu'à plus de trois heures du matin … Bon sang, comment font-elles les copines pour rouler en s'abritant si peu ? pour ne pas se poser, ne serait-ce que quelques minutes, la tête dans les bras ou les jambes en l'air ?

J'ai bien aimé notre pause sur cette terrasse de restaurant abandonnée aux feuilles mortes et arbrisseaux qui nous abritaient du vent … jusqu'à ce qu'une voiture nous fasse sauter toutes ensemble sur nos pieds 10 mn à peine après que nous nous soyons allongées et … enfin tues ! Et c'était reparti …

Et voilà un chant de rossignol ; la montagne, sur notre droite, un peu luminescente … est-ce la clarté de la lune ou du jour nouveau ?

Tournon a été très long à venir, mais, joie du record personnel de distance battu pour moi avec les 234 km au compteur. Et les premières lueurs du jour sur notre gauche … La Voulte, km 267, 7 H 10, on laisse les éclairages

Après le Teil, arrêt dans une plantation d'ifs ou de cyprès au km 300 ; c'est déjà très bien, mais ça devient très dur ; nous avançons bien lentement d'autant qu'il pleut ; merci à nos fortiches de ne pas avoir planté là les moins aguerries …

Même si c'était au pas de tortue pour les 40 derniers km, nous avons accueilli les beautés de la nature comme autant de cadeaux et de félicitations pour notre exploit : les ceps de vignes courrant d'une colline à l'autre dans la plaine de Sainte Cécile, sous un ciel provençal revenu au beau tendre, les glycines épanouies, les lilas mauves et blancs.

Aïe, encore 5 km, mais de grimpette aigüe ! Allez, on se serre les coudes pour arriver à Rasteau ; Au détour de la route, Daniel, Philippe et André nous attendent avec un bouquet de fleurs, iris sauvages et épilobes ! Ils nous laissent repartir pour que nous arrivions les premières au centre, entourant notre Capitaine Fanny.

Nous y sommes attendues par Claudine, sur ses béquilles, Mylène et Colette ! Et nos hommes arrivent, la première puis la deuxième équipe juste après, au km 472, puis Gérard et Marc. Retrouvailles, congratulations, larmes d'émotion et … photos !

Les boxes du centre sont bien silencieux jusqu'à 17 h et le redeviennent avant 22 heures. Le lendemain matin, départ en vélo de ceux qui n'en ont pas assez eu ; Ghislaine y serait bien allée si elle n'avait dû prendre le train.

Rencontres, visite des stands de la concentration et remise des cartes de route. La responsable de la Vélocio nous félicite : nous sommes la première équipe féminine pour la Picardie. La seule autre équipe de femmes, plus jeunes, a roulé presque 6OO km contre les 362 km que nous sommes si heureuses d'avoir parcourus .
Et Fanny, invitée à dire quelques mots sur l'estrade, après les allocutions officielles et le bilan, dira combien nous souhaitions, plus qu'un exploit sportif, la réussite d'une équipe solidaire. Que Claudine se remette vite pour que germent dans nos têtes d'autres projets de randonnées ! …

Après le déjeuner sympathique qui rassemble tous les membres du CODEP " Aux Petits Bonheurs " de Ville sur Ozon, les cyclistes repartent … ils auront ce soir quelques 140 km de bonheur à pédaler dans cette jolie contrée déjà bien parfumée de fleurs et où les " non pédalant " les ont encouragés.

A Fréjus l'année prochaine !