Diagonale Dunkerque - Perpignan

8 au 12 juin 2008

Max et Vincelette AUDOUIN du Cyclo Club Villers St Paul homologation n° 08111

Compte rendu rédigé par Vincelette

Dimanche 8 juin : 241 km à 23,7 avec 1820 m de dénivelé

à travers le Pas-de-Calais, la Somme et l'Oise, soit Régions Nord -Pas de Calais et Picardie.

Départ de Creil à 7 heures avec Roger et Ghislaine, diagonalistes chevronnés, qui nous amènent en voiture à Dunkerque.
Commissariat déjà connu pour d'autres diagonales, mais cette fois-ci je serai cyclotte et non conductrice de cyclos !
10 h 20 : départ, derniers encouragements, coucous et mercis !
Il fait frais et humide à cause du brouillard ; 33 km plus tard, il est toujours là quand nous postons notre première carte au Mont Cassel ; nous ne pouvons donc pas bénéficier du panorama pourtant bien mérité après la grimpette à trois chevrons !
Le vent nous est favorable. Ce n'est qu'à 15h30, à Doullens, au km 114 que le soleil apparaît … en même temps que Jacky DEKENS. C'est bon de retrouver un copain, SARiste qui plus est, qui, en plus de ses mots d'encouragement, nous fait passer par des petites routes sympathiques pour rejoindre Amiens. Il nous accompagne ensuite jusqu'à Boves vers la vallée de la Noye, nous permettant d'éviter la côte redoutée de St Fuscien : nous en gardions le souvenir tout frais du parcours de reconnaissance réalisé dix jours plus tôt !
Au km 204, à St Just en Chaussée, nous sommes presque chez nous. Il nous reste 37 km pour retrouver la maison à 21h50 et notre lit !

Lundi 9 juin : 312,5 km à 21,2 avec 2430 m de dénivelé

à travers l'Oise, le Val d'Oise, la Seine et Marne, l'Yonne et le Loiret, la Nièvre, soit l'Ile de France et la Bourgogne.

Départ à 4h10 par des itinéraires connus : nous avons bien fait de prendre les repères 5 jours avant, pour ne pas perdre trop de temps dans la grande banlieue parisienne de Vémars à Claye-Souilly, Jossigny et Tournan en Brie, où l'on est vite expédiés sur les grands axes.
L'heure matinale nous permet de surprendre une biche, 2 sangliers, des lapins, un héron et même deux renards. Nous saluons les travailleurs qui vont prendre leur RER …
Après 83 km, nous refaisons nos pleins d'eau, de nourriture à la boulangerie de Tournan, sans oublier le tampon du contrôle au km 320. Max change le rayon qui a cassé à l'avant.
A Montereau, nous creillois, aurions dû être plus vigilants pour éviter de faire… tout un plat " Creil et Montereau " de la traversée : entre les sens interdits, les rues barrées par les installations de la fête de la musique, nous nous sommes retrouvés une deuxième fois devant le musée de la Faïencerie après un tour dans la ville.
Des côtes nous voient passer à 7/8 km/h ; Max s'inquiète de notre progression relativement lente malgré le vent encore favorable: nous ne serons pas avant 20 h à l'hôtel… et alors ?
Nous pensons aux copains :
Pierrot et Colette diraient : " vent dans le dos, pas un coup de pédale ; pas une bosse non plus ! "
Roger dirait " Oh de la m…., du brouillard, de la cagna, de l'orage, quand est-ce qu'on arrêtera ces c… ?
En effet, c'est à 8h que le soleil a percé le brouillard. Il a frappé fort et brûlé la peau malgré la crème indice 20. La température monte à 36. L'orage éclate vers 18h, nous rafraîchissant enfin.
Nous arrivons à 21h50 à l'hôtel restaurant du Bazois à St Saulge. Pas de problème, notre hôtelier nous attend; la TV diffusant un des premiers matchs de l'Euro de foot l'aide à patienter avec ses clients après avoir mis notre dîner en attente. Deux cyclos ont déjà rangé leurs vélos dans la grande grange; ils partiront moins tôt que nous demain matin. Pour nous, ce sera 5 h … et notre hôte tient à se lever aussi pour nous servir un petit déjeuner chaud et des croissants cuits par ses soins! Les autres prestations seront à la mesure de cet accueil : Après le taboulé, les carottes et le céleri râpé, les spaghettis à la bolognaise sont parfaitement al dente pour accompagner la paupiette de volaille; le fromage blanc nous suffit comme dessert : nous garderons la tarte aux pommes pour le petit déjeuner!

Mardi 10 juin : 275,5 km à 20,3 avec un dénivelé de 2500 m

à travers l'Allier, le Puy de Dôme et la Haute-Loire soit l'Auvergne.

Il est 5 h sonnantes quand nous donnons notre premier coup de pédale pour attaquer les ultimes côtes de Bourgogne! Le vent est déjà levé, mais de face!
Après les oiseaux qui chantent de tous côtés, ce sont peu à peu les voitures, les scieries et autres entreprises qui démarrent. A La Machine, nous arrivons dans l'ancien pays minier : l'habitat, un terril, un musée installé dans les grands bâtiments en témoignent.
Au km 580, à Decize, nous traversons le canal du Nivernais, l'Aron, la Loire puis son canal latéral que nous suivons un bon moment.

  • " Sonne, sonne, nous arrivons dans l'Allier !" : C'est mon département de naissance, pendant " l'exode ". La ligne de démarcation entre la zone occupée et la zone libre est signalée.

Cusset nous donne du fil à retors : ce sont des lycéens, à leur pause de midi, qui nous réorientent vers notre route. Comme Max a regretté de ne pas avoir imprimé, comme pour beaucoup d'autres villes, le plan tiré de Via Michelin avec notre itinéraire surligné!
Mais cette route, quelle merveille, la D 906 que nous suivons presque 150 km jusqu'à notre étape de St Paulien! Elle déroule ses 2, et souvent 3 voies, le long de la vallée de la Dore, ne négligeant pas de belles côtes pour nous faire admirer ses magnifiques panoramas entre Forez et Livradois. Après Ambert, elle suit une ancienne voie romaine : 16 km rectilignes! Elle est confortable pour nous quand ses bas-côtés dépassent largement la bande blanche latérale. Nous nous sentons plus en sécurité que lorsque nous devons rouler à cheval sur cette bande. Beaucoup reste à faire; les nombreux chantiers qui nous invitent à dévier montrent que c'est en cours…
Aujourd'hui encore le temps est à l'orage : il éclate vers 15 h.
Comme elle est dure et longue la côte qui nous fait traverser la magnifique forêt - écrin où se blottit La Chaise-Dieu! Au pied des résineux variés dont certains ont de larges rameaux ourlés du vert tendre de leurs jeunes pousses, des genêts jaune éclatant bordent les prairies moelleuses.
Après 540 m de dénivelé en 13 km, nous sommes à plus de 1000 m. Il est déjà tard, l'orage menace. Tandis que le soleil brille encore dans notre dos, le ciel est gris foncé, zébré d'éclairs, derrière les montagnes qui barrent notre horizon. Nous devons les franchir dans les 20 derniers km avant St Paulien où nous arrivons sous les grosses gouttes, mais avant la nuit (20h45).
Quand nous lui avons dit d'où nous venions, l'hôtelier aurait vu arriver des martiens qu'il n'aurait pas été plus étonné! Nous avons droit à des plateaux-repas soignés dans notre chambre, non seulement pour le dîner mais aussi pour le petit-déjeuner trop matinal.

Mercredi 11 juin : 254 km à 19,9 et 2630 m de dénivelé

incursion en Ardèche, traversée de la Lozère, du Gard et de l'Hérault, soit le Languedoc.

A 5h06, départ pour remonter à plus de 1000 m. Ca réchauffe, tant mieux car il fait frais (9°C) dans les brumes matinales qui noient tous les creux du paysage. Les troupeaux encore endormis, les boules des arbres émergent de ces lacs de coton vaporeux. Nous restons en altitude pour contourner le Puy en Velay. Déjà loin derrière nous, la Chaise-Dieu adossée à sa colline veille avec ses lumières sur les vallées qu'elle domine.
Le soleil joue au laser en passant par la fente étroite que lui laissent les nuages épais. Il les éclaire par en dessous d'un bel orangé. L'horizon, de tous côtés, est bordé de collines qui se découpent sur le ciel encore sombre. La nature sort peu à peu de l'ombre et de ses mystères aux chants des oiseaux.
Notre route longe maintenant les champs brun foncé de pouzzolane où commencent à grandir les touffes dentelées des lentilles. Nous passons à 5 km de Cayres où viennent se régaler chez leurs autres grands parents deux de nos petits-enfants …
Vers 9h30 nous passons notre 900 ème km. Nous sommes toujours à près de 1000 m d'altitude même si nous suivons la vallée de l'Allier puis celle du Chassezac. Nous redécouvrons le printemps avec les lilas et les iris, passés chez nous depuis presque un mois.
Nous garderons un bon moment encore toutes nos épaisseurs … (pour moi, maillot et coupe-vent du club, deuxième coupe-vent de la fédération et baudrier, collant de gym sur le cuissard, sous-gants fins). Ce n'est que vers 11h que le soleil s'installe et … il va se rattraper : la température atteindra 39°7 dans l'après-midi !
Heureusement, après Alès, à Anduze, on nous indique un itinéraire qui nous évite encore de chaudes et difficiles montées vers " St Hippo ". Surtout, derrière nous gronde l'orage, les nuages noirs nous poursuivent et le tonnerre se répercute sur les montagnes face à nous. Enfin, une belle descente continue sur St Guilhem-le-Désert remonte notre moyenne.
Ce n'est qu'à 21h06 que nous arrivons à notre étape de Clermont l'Hérault. Nous serons seuls dans l'annexe de l'hôtel, nous pourrons laisser le tandem " en toute sécurité " dans le couloir d'entrée.
Un menu fin nous attend : fraîches salades, lasagnes parfumées délicatement, ou saumon pommes vapeur, fromage blanc ou île flottante.

Jeudi 12 juin : 139 km à 20 à l'heure sur 1250 m de dénivelé

à travers Hérault, Aude et Pyrénées- Orientales soit le Roussillon, enfin !

Nous décidons de nous lever à 4h comme d'habitude en petit déjeunant avec les moyens du bord. Départ 4h47 ! Deux grands clac dans la nuit, le vent souffle en bourrasque : c'est la tramontane! Nous trouvons grande ouverte la porte sur la rue, c'est donc elle qui a claqué ; le tandem est toujours là, il n'y a effectivement pas de voleur !!!
Nous commençons par une montée en lacets, périlleuse quand nous prenons le vent de face … et nous n'avons rien vu! Avant Roujan, dans le toboggan des collines, voici le câble de dérailleur avant qui rend l'âme. Incroyable, il y a juste là un banc et l'échange est facilité. Béziers : Max annonce la fin des vacances car nous quittons les petites routes tranquilles.
Mais une voiture nous attend juste avant la rocade, avec encouragements, café et croissants! C'est notre deuxième contrôle, bonne surprise du SARiste Jean Marie DURAND, qui nous transmet le salut confiant de Bernard LESCUDÉ, notre Président. Ensuite, il nous guide par des petites rues et nous quittons Béziers sans encombre par un étroit pont de pierre.
Alors, vraiment finies les vacances : nous sommes sur la D 609, rarement équipée de bas côtés larges. Les camions et voitures circulent vite et près. Plantées sur le bord de la route, les nombreuses silhouettes noires avec leur gros cœur rouge barré d'une route pour flèche ne semblent pas les interpeller, nous si!
27 km jusqu'à Narbonne - au loin l'eau des étangs étincelle et semble mousser - puis 21 jusqu'à Sigean - nous postons la dernière carte postale - enfin, 26 jusqu'à Salses. Les traversées des villes sont des havres de paix à côté de la route où les coups de vent de côté à 90 / 100 km nous font écarter brusquement de notre bande blanche.
Le vent hurle dans les platanes d'un bruit grave, assourdissant; il secoue et couche les vignes, les bambous et les peupliers. Face à Port -Leucate nous l'avons de trois quart face, il faut s'arc-bouter pour tenir notre ligne.
Heureusement, nous allons trouver, encore groggy - sur les indications d'une … très jolie jeune femme … notre petite route à l'abri des talus entre voies ferrées, autoroute et ex-nationale … le calme !
Il est 10h30, il reste 21 km, nous levons un peu le pied. Rivesaltes, Max me passe le plan de Perpignan et énonce les 26 consignes de Google Maps qui nous mènent au commissariat de Perpignan ! Il est 13h35. Réussi!
La jeune équipe de policier(e)s nous accueillent chaleureusement et prend en photos l'instant magique où nous signons nos carnets de route… Cela nous rappelle une certaine signature d'il y a 42 ans !...

A l'expiration de notre délai de 100h, 14h20, nous sommes à l'hôtel voisin pour une bonne douche, un repas bien mérité et une petite sieste. Ballade dans la ville puis fameux resto recommandé par le pâtissier d'en face dont les magnifiques tourons nous ont séduits. On ne se refuse rien!
Nous rentrons par le train de nuit- il roule celui là - tandem amarré dans la voiture 47, à côté de notre compartiment 6 places où nous serons seuls. Arrivée 7h30 après une bonne nuit. Trajet tandem Austerlitz - Gare du Nord par les voies réservées bien agréables. Retour à Creil! Heureux!

Le bilan

Néophyte, je réalise pourquoi Max a passé tant de temps sur les cartes et l'ordinateur : tracer l'itinéraire, imprimer son descriptif segments par segments, évaluer les plages horaires selon les moyennes probables, repérer les traversées des villes, tirer et surligner leurs plans, tracer sur les cartes, les découper pour n'emporter que l'utile, rabouter éventuellement … C'est un temps précieux qu'on évite de perdre grâce à cette minutieuse préparation. Sur les 1222 km parcourus seuls Montereau et Cusset nous ont posé problème… A Salses, cela n'en a pas été un!
Préparation aussi de nous mêmes : nous avions 5700 km tandem au compteur et plus de 4000 en vélo pour Max, 1000 pour moi. Le précédent week end, notre visite familiale en Belgique nous avait permis d'ajouter 550 km et surtout d'estimer la randonnée réaliste.

Nos bagages étaient réduits au minimum, une sacoche à l'avant, une avec oreillettes à l'arrière. Rien de superflu, pas de tenue de rechange sauf socquettes, un short, un T-shirt pour la nuit, un survêtement léger, des sandalettes, trousses de toilette mini. Dans mes poches arrières, ravitaillement renouvelé à tous les arrêts, pommade, crème solaire et comprimés anti-crampes, mouchoirs. Chacun un grand bidon selon nos habitudes et un troisième d'eau claire, indispensable pour se rafraîchir d'un mouchoir mouillé sur le crâne par grosse chaleur.
Après la pluie l'élastique fixé sur la sacoche arrière nous permettait de laisser à l'air les imper mouillés … mais aussi, par beau temps, le linge que nous avions lavé à l'hôtel!
Le vent favorable des deux premiers jours nous a donné confiance, la variété et la beauté des régions traversées nous ont transportés! L'accueil et l'étonnement admiratif des personnes rencontrées nous ont stimulés. Nous n'étions pas trop de deux pour repérer le parcours mais aussi tempérer la griserie de l'avancée des km et ne pas laisser passer les moments indispensables de ravitaillement, pause et repérage.

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