Diagonale Hendaye - Strasbourg

du 30 juin au 4 juillet 2009

homologation n° 09173

NOM ET PRENOM DU PARTICIPANT :

Compte rendu rédigé par Max AUDOUIN

Voici la troisième étape de ma " triplette " après Dunkerque-Menton du 20 au 24 juin et Menton-Hendaye du 26 au 29 juin que j'ai effectuées avec mes amis Roger et Ghislaine Devulder en tandem et Pierrot Dorne à vélo. Nous avons profité d'une période de grand beau temps avec du vent favorable, surtout pendant la descente vers le sud.
Arrivés le 29 juin en début d'après-midi à Hendaye, nous faisons un repas festif à l'étranger en franchissant le pont sur la Bidassoa. C'est ensuite la séparation car nos objectifs divergent : les amis vont se reposer sous les frondaisons d'un jardin public en attendant le train de nuit qui doit les ramener à Paris. Quant à moi, je rejoins mon camp de base, l'hôtel Santiago bien connu des Diagonalistes. Philippe Berra et son équipe sont toujours aux petits soins pour nous et après avoir mis de l'ordre dans mon matériel, je m'octroie une sieste apéritive. Je fais encore une petite promenade en ville après dîner à la recherche d'un peu de fraîcheur.

HENDAYE - SAINT JUSTIN (168 km) 30 juin 2009

Lever tardif ce matin car je dois récupérer au mieux des deux mille premiers kilomètres. Petit-déjeuner copieux à 9h30, derniers rangements et en route pour le commissariat. En attendant l'heure de départ, j'y consulte le cahier des Diagonales où sont soigneusement notés tous les passages. Je vois qu'en 2009 il y a déjà deux pages remplies ; j'y reconnais les noms de Daniel Lemoine et Jacky Dekens partis début juin pour Menton.
Onze heures pétantes, c'est parti par la N10 vers Saint Jean de Luz et Bayonne. Comme il m'en avait prévenu la veille, Gilbert Videau et son épouse Pierrette m'attendent vers Bidart et se proposent de me faire éviter les travaux de goudronnage de la N10 qui nous ont bien ennuyé dans l'autre sens. Quoi de plus sympa que des SARistes qui me font profiter d'un petit itinéraire beaucoup plus calme ? Gilbert m'a prévenu : deux kilomètres en rab mais sans les bouchons ni les bosses de la N10. A retenir. Voici ma carte postale expédiée et nous suivons la rive gauche de l'Adour jusqu'à Urt où nos routes se séparent. Je pars avec en poche un gâteau basque dont Pierrette m'a fait présent et en tête leurs encouragements et recommandation : tant que l'heure limite n'est pas passée ce n'est jamais perdu ! ils m'ont parlé d'une de leurs vingt-cinq ( !!!) diagonales où ils finirent par récupérer un retard de douze heures sur leur tableau de marche. Alors, il suffit d'y croire encore.
En sortie de Peyrehorade, je fais un arrêt dans un petit snack où je consomme sandwich et boisson fraîche. La patronne est une voisine de l'Oise car native de Senlis et venue s'établir au Pays Basque qu'elle ne quitterait à aucun prix. A Labatut, j'abandonne le gave de Pau et attaque la traversée de la Chalosse. A moi les chevrons en tous sens jusqu'à Saint Sever puis la longue ligne droite vers Mont-de-Marsan lieu de mon premier contrôle. De loin j'y vois un ciel noir zébré d'éclairs. L'orage a été plus rapide que moi et je ne prends que quelques gouttes. Du coup la température devient agréable pour finir d'arriver à Saint Justin. Il est 20h10 et, après la douche et le dîner sous les arcades, je fais le tour de cette petite bastide.

SAINT JUSTIN - PIERRE BUFFIERE (275 km) 1er juillet 2009

Levé à 4h30, je n'ai pas trop bien dormi à cause de la chaleur et des conversations des clients qui ont duré tard. A 5h c'est parti pour les longues lignes droites jusqu'à Marmande et j'aime bien m'y faire dépasser par des trains de poids lourds qui par leur appel d'air annulent un moment le vent de nord-est. A 8h je lis déjà 25 °C sur mon compteur et toute la journée j'aurai l'impression de me trouver face à un sèche-cheveux ! Petit-déjeuner au contrôle de Marmande, puis par Duras et Sainte Foy-la-Grande j'atteins le pays de mes ancêtres. Mussidan, Saint Astier, je me souviens des vacances estivales dont je rentrais sur Paris " noir comme un bourricot ". Aujourd'hui c'est pareil, et les affichages des pharmacies oscillent entre 38 et 42°. Un instant je songe à aller me rafraîchir chez ma sœur qui n'habite qu'à sept kilomètres. Arrière Satan, cesse tes propositions malhonnêtes ! Me voici à Périgueux où je suis né, mais c'est incognito que j'y contrôle avec près d'une heure de retard. En fin de journée, le retard peut devenir un avantage : le soleil commence à descendre et je peine moins pour atteindre Excideuil, Saint Yrieix-la-Perche et Pierre-Buffière où l'hôtel de la Providence est situé bien en hauteur. Comme vers 19h30 j'avais prévenu de mon arrivée tardive, la patronne ne manifeste pas trop de me voir à 21h40. J'ai le droit de me doucher avant de passer à table pour un menu plat unique composé d'une grande salade variée très rafraîchissante et d'un clafoutis aux cerises du jardin. Le seul pépin, c'est que la patronne refuse que je la paye ce soir et veuille partir dès 4h le lendemain. Après avoir dîné avec son mari, elle comprend mon point de vue et tout se règle. Nous voici à discuter du métier d'hôtelier, des exigences des clients … et du désir qu'ils auraient de prendre une retraite bien méritée. Du coup, je ne suis couché qu'à 23h30 avec un réveil programmé pour 3h30. Dur, dur.

PIERRE BUFFIERE - PARAY LE MONIAL (285,5 km) 2 juillet 2009

Incroyable, je me réveille juste avant la sonnerie avec l'impression d'avoir fait une nuit complète. En m'habillant je mastique une banane puis une barre de céréales; je navigue dans les couloirs à la lumière de ma frontale, remets les sacoches sur le vélo dans l'entrée et c'est parti à 4h pétantes. Trente minutes plus tôt que ma feuille de route, mais logique vu ce qui s'est passé la veille. Surtout que le début par Saint Léonard-de-Noblat, Bourganeuf et Pontarion est particulièrement musclé. On n'est pas Poupou par hasard ! et en prime les services de l'Equipement ont joué à vider leurs stocks de gravillons ce qui m'empêche de descendre à ma main. A 7h30 à Bourganeuf le contrôle-ravitaillement avec double café est le bienvenu. Le parcours jusqu'à Chambon-sur-Voueize est une suite monotone de longues ondulations au soleil. Me voici distrait par la sonnerie du portable que je laisse s'épuiser. A Chambon, je regarde et vois que c'est Alain Collongues qui m'a appelé. Je le rappelle ; il ne comprend pas et pense à une fausse manœuvre de sa part. Comme je lui parle du temps brûlant qui me cuit depuis trois jours, il a les bons mots : tiens jusqu'à ce soir, le temps va changer.
En fait les choses évoluent plus vite. Après le contrôle de Montmarault, je prends un orage sur la grosse route qui mène à Saint Pourçain-sur-Sioule. Du coup, les camions qui me doublent m'arrosent et je pense à la lessive qui m'attend ce soir. Jamais content, quoi. Dès Varennes-sur-Allier tout est sec et je trouve le parcours plus champêtre et agréable jusqu'à Paray-le-Monial où je fais étape à 20h15. J'avais bien fait d'avancer d'une demi-heure mon départ matinal. L'altimètre affiche une dénivellation cumulée de 3250m pour la journée ce qui explique ma lassitude.

PARAY LE MONIAL - RONCHAMP (279 km) 3 juillet 2009

Ce matin, départ à 4h50, seulement. Je me souviens qu'il y a juste une petite bosse en quittant Paray et qu'à partir de Volesvres je vais suivre le canal du Centre pendant près de 80km. Que du plat, avec juste les petits coups au niveau de chaque écluse. Pas difficile de les compter : elles sont numérotées. D'abord une quinzaine d'écluses montantes puis autant d'écluses descendantes. Je suis étonné par le nombre de hérons que je verrai toute cette matinée. Ils sont plus nombreux que les pêcheurs humains.
Après Chagny, les panneaux de Beaune à Demigny me rappellent que je suis passé ici il y a dix jours dans Dunkerque-Menton. Comme je suis la Dheune puis la Saône jusqu'à Seurre, mon septième contrôle, le profil est assez plat. Pour me distraire voici un gros nuage noir qui se vide d'un coup. J'ai juste le temps de m'abriter sous l'avancée d'un toit de ferme pour mettre mon imper. J'entre dans Seurre sous le soleil à 11h et à la boulangerie les gens sourient de me voir enlever un imper ; il n'y a pas eu une goutte ici. Comme ma chaîne commence à grincer, je fais une petite halte chez le vélociste du coin qui remédie à ça d'un coup de bombe.
Je suis encore la Saône jusqu'à Auxonne où j'attaque la grande ligne quasi-droite jusqu'à Vesoul. Fini le suivi des cours d'eau, c'est la voie romaine dans toute sa stupidité : une droite quel que soit le profil. Qui dit plus de rivières dit aussi plus d'arbres, plus d'ombre. Seule s'active la moisson dans les champs brûlants. Que je suis content de plonger sur Vesoul à 18h pour contrôler.
J'en sors par Frotey et rejoins Lure sans jamais prendre la N19. Par contre, je dois la prendre pour rejoindre Ronchamp où nous avions couché il y a une quinzaine d'années près de la chapelle Notre Dame du Haut. C'était même le très haut qu'il fallait mériter par un triple chevron. Cette fois-ci je n'ai droit qu'à un double chevron pour rejoindre l'hôtel, mais mon portable sonne en plein effort. J'attends d'avoir plongé vers l'hôtel. Il est 20h15. C'est Frederik Alberda le SARiste belfortain qui m'avait déjà fait traverser Belfort à l'aube l'an dernier et s'assure que je serai bien dans ma feuille de route le lendemain. Avec plaisir, lui dis-je, à demain.

RONCHAMP - STRASBOURG (171 km) 4 juillet 2009

Parti à 4h comme prévu, je retrouve Frederik à Essert juste avant Belfort. Il a garé son Batavus le long d'un muret et sorti des sacoches la thermos de café et le gâteau. Nous déjeunons et devisons tranquillement. Quand tout est mangé, il faut y aller et Frederik me fait traverser Belfort dans le ronron de sa dynamo. Nous ne nous séparons qu'après une dernière photo sur la N83 à proximité de Denney. Je quitte cette N83 juste avant Soppe-le-Haut pour rejoindre Cernay puis Ensisheim par de petites routes. C'est mon dernier contrôle et comme il est 8h je suis dans mon horaire. Depuis Belfort, je suis le parcours inverse de mon Strasbourg-Perpignan de l'an dernier. Il reste une incertitude : j'ai entendu dire que la piste le long du canal Rhône-Rhin est très dégradée.

A Neuf-Brisach je passe un coup de fil à Jocelyne Hinzelin qui me confirme le mauvais état de la piste et me conseille de l'éviter d'autant qu'avec le violent orage de la nuit dernière elle est peut-être encombrée de branchages.
Je reste donc sur la D468 et ne m'en détourne que pour poster ma carte d'arrivée à Rhinau et m'y alimenter une dernière fois. C'est ensuite l'arrivée sur Strasbourg avec des parties en quatre voies pas drôles, mais pas dangereuses.

Me voici au commissariat où je pointe à 13h. Notre SARiste Jocelyne est venue avec son petit-fils et me félicite gentiment. Elle est debout depuis 3h ce matin et a assisté au départ de deux diagonalistes vers Brest. Rude tâche que d'être SARiste, surtout quand comme Jocelyne on n'est pas encore retraitée.

L'an dernier j'avais fait deux Diagonales espacées de deux semaines, puis une troisième deux mois plus tard. Cette année j'ai voulu enchaîner les trois et ça a bien fonctionné. Mais je n'oublie pas que les conditions ont été favorables, bien que j'aie eu du mal à supporter cette quinzaine caniculaire.

diagonale en images