Semaine Fédérale à Oloron-Ste-Marie

31 juillet au 7 août 2005

Cette Semaine Fédérale a attiré beaucoup de monde de par la position d'Oloron au pied des Pyrénées. Ce sont plus de 12000 cyclos et accompagnateurs qui sont venus passer une semaine dans les environs d'une sous-préfecture de 12000 habitants. Bien qu'étant une ville-étape sur les chemins de Saint Jacques de Compostelle, elle ne possède pas la capacité hôtelière pour loger une telle population, même si une bonne partie des cyclos a choisi les terrains de camping ou l'hébergement chez l'habitant. Vince et moi, nous avons pratiqué ces deux formules à plusieurs reprises, mais n'ayant plus participé à la SF depuis plusieurs années nous y sommes revenus avec le souhait d'une formule plus " pépère " en demi-pension à l'hôtel.

C'est Ghislaine qui a trouvé l'hôtel du Fronton à Barcus une petite ville à 15 km d'Oloron et elle a eu la main heureuse, d'autant que plusieurs mois à l'avance il ne restait plus que deux chambres libres. Nous sommes donc deux couples de Villersois, mais le reste de la clientèle est pour une bonne moitié constitué de familles de cyclos. Les patrons sont de purs basques, Ilharreguy ça ne s'invente pas, et lui a même été champion de France de pelote à la chistera. Ils font tout pour nous faciliter la vie et pour la semaine ont laissé la grande salle du bas comme garage à vélos. Nous sommes venus avec le tandem et nos deux vélos car je ne veux pas imposer à Vince les détours que j'ai programmés pour aller à la chasse aux cols repérés sur la carte.

Dimanche 31 juillet : Au pays des mousquetaires

Première journée vers le sud, donc la montagne et le solo. Nous partons pour panacher les deux grands parcours et y rajouter des extras, ce qui doit donner 17 cols nouveaux pour moi et autant pour Roger. Comme Barcus est sur la fin du parcours, nous commençons par rejoindre Oloron et nous insérons dans le flot assez dense.

Vince nous quitte au col de Lie où un bon nombre montent en " 42-42 " et suit tout le parcours 2. Elle monte à la Madeleine et dans la chapelle ne dialogue pas longtemps avec la sainte qui garde à ses pieds le souvenir macabre d'un précédent cyclo.

Nous cassons la croûte à Bedous en cherchant une boulangerie à l'écart des stands fédéraux où tout fonctionne avec les tickets qu'on peut acheter à l'avance. Avantage du système : plus besoin de manipuler de la monnaie, mais l'inconvénient est qu'on se retrouve prisonnier de prix trop élevés.


L'après-midi, nous montons les cols à notre main et Gigi, jamais loin, nous donne juste le temps de faire nos variantes. Séparation au col du Soudet. Le brouillard monte lui aussi et j'entraîne Roger sur le versant espagnol en passant par la Pierre Saint Martin. Il fait frais en haut et, passée la frontière, la plongée se fait dans un désert de rocaille. Demi-tour au Portillo de Eraice. Nous croisons quelques gars qui ont eux aussi préparé ce coup. Revenus en France, nous partons plein nord par de toutes petites routes pour attraper encore trois cols en rentrant. Par chance, nous rencontrons un gars qui a randonné avec les Devulder en Italie. Il abonde dans mon sens et nous faisons toute la suite ensemble. Ça passe vite en bavardant et puis il y a surtout des descentes. Nous arrivons à Barcus objectifs atteints.

Lundi 1er août : Sur les traces de Fébus

Comme la boucle du jour file vers le nord et passe par le BPF de Morlanne, nous roulons en tandem car nous avons choisi de ne faire ces brevets qu'ensemble. Roger et Ghislaine, eux, sont toujours à vélo en attendant que la fourche de leur tandem soit réparée et la confiance dans l'engin revenue.

Nous avons prévu de rejoindre le parcours par une petite route couverte de petites flèches sur la carte. Voilà un raccourci qui se paie cher, avec les intérêts de la pluie bien constante toute la matinée. Au contrôle de Mourenx c'est la désolation à l'accueil car la pluie du matin a freiné bien des pèlerins. Abrités dans un gymnase, nous écoutons la présentation de l'histoire de cette ville champignon poussée pour héberger les travailleurs des usines de la pétrochimie de Lacq. Faite par un jeune dynamique elle nous réchauffe et nous instruit. La Semaine Fédérale c'est aussi la découverte d'une région. On a dit cyclo … tourisme !

A Morlanne, le pointage du BPF se fait dans d'une camionnette de l'organisation que nous retrouverons à chacun des BPF de la semaine. Pas découragés, nous visitons ensuite un château où la pluie exalte l'odeur des buis dans les jardins.

L'objectif atteint, notre détermination a fondu et nous faisons demi-tour sur le parcours jusqu'à Artix où un petit resto nous permet aussi de sécher. Et puis, pas une goutte au retour, c'est la récompense espérée.

Mardi 2 août : Les sommets pyrénéens

Vous dites vélo ? non, ce sera tandem car le col d'Aubisque est un BPF, alors … on y va, mais d'abord en voiture car nous logeons à l'ouest et le parcours boucle à l'est d'Oloron ; nous ne pourrions faire ce supplément dans la journée. Il ne faut pas être trop gourmand. A la SF, chacun fait un peu ce qu'il veut des propositions des organisateurs ; il y en a même qui font tous les parcours à l'envers ce qui n'est pas une bonne idée vu le monde à croiser.

Partis à deux voitures, nous déchargeons les machines à Lurbe-Saint-Christau et commençons par 20 km à l'envers sur le retour d'un des parcours. A cette heure matinale, nous ne croisons quasi personne.

J'ai programmé le raccord sur le grand parcours par une suite de petites routes longeant des cours d'eau. C'est très agréable, surtout qu'à chaque changement de vallée nous passons un petit col. C'est un jeu qui creuse et, même s'il est encore tôt quand nous rejoignons le parcours, nous faisons partie de la volée de moineaux qui assaillent la petite épicerie d'Arthez-d'Asson. Logique, tout le monde sait qu'on va taper dans le dur et que les travaux d'approche vers le duo Soulor-Aubisque commencent ici. C'est la première fois que je les grimpe sans être perdu dans le brouillard. Les vues sont magnifiques et avec notre 27x26 nous avons le temps d'apprécier. La pause en haut du Soulor.

Vous voyez que la vitesse dans la descente est limitée pour les véhicules chargés, mais pas pour les tandems !

Nous pointons ensuite le BPF à l'Aubisque et avant de plonger dans la descente, nous nous couvrons et le ciel aussi. Sortant de Gourette, nous cassons un rayon à l'avant du tandem et la roue se voile aussitôt. Arrêt et réparation à la volée. Ce sera le seul petit problème du retour.

Mercredi 3 août : Au fil des gaves

Beau temps pour aller pointer 2 BPF : Sauveterre-de-Béarn qui est sur le parcours et Sorde-l'Abbaye en extra. Nous visitons aussi le cloître de l'abbaye d'Arthous et admirons la finesse des mosaïques dont les restes issus des fouilles sont accrochés au mur. Le parcours est assez roulant aujourd'hui et convient mieux au tandem.

Jeudi 4 août : divers

C'est le jour du pique-nique avec un petit parcours, mais nous souhaitons réaliser des choses dont nous avons envie. Vince s'est inscrite à la " Randonnée des Hirondelles " une ballade à pied sur la journée qui lui fait franchir la frontière espagnole par les sentiers qu'empruntaient les jeunes femmes venant travailler en France au début du siècle dernier.

Moi, je vais moissonner quelques petits cols au sud du Sustary et Roger qui part avec moi bifurque ensuite vers la Madeleine pour apprécier le point de vue que Vince avait vanté. Nous devons finir la journée au pot qui traditionnellement rassemble tous les participants de l'Oise. C'est plaisant d'y échanger avec des copains qu'on n'a pas vus de la semaine.

Vendredi 5 août : La route des palombes

Les cinq parcours passant par Barcus ce matin, nous embrayons directement et après 3 km de montée la fraîcheur matinale est oubliée. Mais ce n'est pas la course : Roger discute avec un responsable de la Confrérie des 650. Plus loin, je fais un bout de chemin avec " un Singer " de Levallois.

Sur le plateau où nous arrivons, il y a des prairies avec des chevaux magnifiques. Tout le monde est arrêté pour regarder, respirer et souffler un peu. J'ai expliqué à Roger que plus loin il pourra faire un aller-retour pour rafler quelques cols et je ne réalise pas que les gars qui arrivent sur notre gauche viennent de passer le col d'Arangaïtz à moins d'un kilomètre. Je l'ai mal repéré par ses coordonnées. Ça me va bien de donner des conseils!

Le parcours est magnifique et les cols s'enchaînent avec de larges vues sur le massif pyrénéen. Après une plongée jusqu'au chalet près d'un lac, je quitte le parcours pour aller voir les cols d'Orgambidé et d'Arnostégui qui sont des passages sur les chemins de Saint Jacques de Compostelle. La vue vers l'Espagne est large et l'air vivifiant. J'y croise des pèlerins qui perpétuent une tradition millénaire, mais pas les vols de palombes dont ce n'est pas la saison.

Toute l'après-midi, je cherche et finis par réussir à passer des petits cols sur des routes qui ne sont pas sur la carte et je finis par me retrouver en pleine campagne, bidons et poches vides. Pour l'eau, j'arrive dans un cimetière délabré où il y a quand même un robinet. Après avoir laissé couler un moment, le goût de feraille s'atténue et je la déclare potable. Le soir va tomber et je suis encore loin ; j'ai vraiment été trop gourmand aujourd'hui et je pense que Vince est rentrée et va s'inquiéter. Le portable ? c'est pas simple dans la région et il y a beaucoup de zones non couvertes. Je poursuis jusqu'à me trouver sur une crête où il y a du signal. Nous convenons d'un point de rencontre et à partir de là je donne ce qui me reste pour y arriver avant elle. De retour à l'hôtel, tout le monde est à table, mais là les forces reviennent vite pour recoller au peloton.

Samedi 6 août : Les coteaux béarnais

Ce dernier parcours de la semaine, nous avons choisi de le faire en tandem. Il y a d'abord une belle animation à Jurançon avec dégustation du vin du cru et divers produits gascons riches en calories. Côté culture, un groupe en costumes exécute des pas sur la musique d'un groupe basque. C'est chouette.

La suite nous mène à Pau, capitale du Béarn. Pour prendre d'assaut le château à revers, nous faisons un tour de ville pas tout à fait volontaire… Nous voici en haut devant la statue d' Henri IV, roi de Navarre et de France. On remarquera le cuissard bouffant dont la mode s'est perdue de nos jours. C'est dommage, Roger aurait été mignon.

Le parcours du retour est assez roulant, mais ne saurait faire oublier que cette semaine très belle a été bien musclée.

Nous étions une dizaine de Villersois ; quel dommage pour ceux qui ignorent cette façon de passer une semaine de vacances en découvrant une région.

Il y a du tourisme pour tous, même celles ou ceux qui ne font pas de vélo. Alors, à l'année prochaine ?

Récit de Max AUDOUIN